Le Barreau de Rennes existait bien avant que le Parlement de Bretagne n’existe lui-même (1552) et son histoire s’inscrit non seulement dans l’histoire de la Bretagne mais également plus largement dans celle de l’institution de la justice.
Au 14ème siècle, après s’être placés sous le patronage de Saint Nicolas dont l’un d’eux prend la tête (et le bâton) sous le titre de Bâtonnier, les avocats bretons et très rapidement tous les avocats, ont comme saint patron Saint Yves, en référence à Yves HELORY, avocat, magistrat et prêtre originaire de Tréguier (Côte d’Armor) canonisé en 1330 et qui vécut à Rennes.
Le Barreau fut actif pendant la période révolutionnaire. S’investissant pour la première fois dans la vie de la cité, les avocats soutinrent le Parlement de Bretagne et entrèrent dans une lutte sans merci (avec les villes de Nantes et de Quimper) contre le pouvoir royal qui entendait réformer l’organisation judiciaire et réduire de manière significative les prérogatives et le champ d’intervention des avocats au Parlement.
Malgré la disparition de l’Ordre des Avocats en 1790, celui-ci renait de ses cendres en même temps que fut promulgué le Code Civil de Napoléon en 1804. A noter qu’un avocat rennais, Charles Toullier, par ailleurs professeur de Droit Civil, s’illustra dans le premier commentaire du Code Civil.
Pour autant, l’histoire du Barreau fut encore chaotique, au gré et sur la trace de l’Histoire même de la Nation, et les avocats rennais restèrent fortement impliqués dans la vie publique pour défendre âprement l’exercice de leur profession, leur ordre et leur indépendance.
Le premier règlement intérieur du Barreau de Rennes fut adopté en 1920 dans le prolongement d’une réforme des barreaux la même année.
De même, une première femme demanda son inscription au Barreau en 1921 alors que la loi qui avait ouvert l’accès aux femmes au barreau datait déjà du 1er décembre 1900. Les femmes représentent aujourd’hui plus de la moitié des avocats inscrits au Barreau de Rennes.
Il est impossible d’évoquer l’histoire du Barreau breton sans rappeler l’incendie qui frappa le Parlement de Bretagne dans la nuit du 4 au 5 février 1994 et qui laissa les rennais dans la stupéfaction au petit matin.
De nos jours, le Barreau de Rennes, fort de plus de 900 membres, regroupe des professionnels du droit assistant les justiciables devant les juridictions (civiles, pénales, prudhommales, sociales, administratives, commerciales) mais participant également à la rédaction d’actes dans des domaines variés et conseillant les particuliers, les institutionnels privés et publics et les chefs d’entreprises. Les avocats interviennent aussi dans le cadre du règlement non judiciaire des litiges : conciliation, médiation ou encore arbitrage.
Riche d’une forte identité culturelle, historique et universitaire, le Barreau de Rennes a tissé des liens avec certains barreaux européens, signe d’ouverture mais aussi de rayonnement du tissu économique breton.
Les lecteurs passionnés pourront se reporter utilement à l’ouvrage de référence de Maître Jean Bouëssel du Bourg, « Histoire du Barreau de Rennes », 2010.